J’ai toujours eu beaucoup de considération pour l’ICA Klopfstein. Il était un homme exceptionnel, inventeur de talent et excellent pédagogue. Nous lui devons beaucoup.

Parce qu’il était convaincu de l’importance de ses idées, il a eu la gentillesse de me faire faire un vol sur son avion le 262 n° 55, la bête à Klop, comme nous l’appelions. Il n’y avait en effet que peu de raisons pour qu’il m’invite à faire ce vol d’information ce 18 février 1976 car j’étais alors simple colonel, adjoint au chef de cabinet du chef d’état-major de l’Armée de l’air. Sans doute savait-il que je m’intéressais aux aspects techniques du métier de pilote.

Je n’ai pas découvert le pilotage tête haute car pour les pilotes de chasse, le suivi des ordres visualisés dans le collimateur était quelque chose de naturel. Mais ce jour-là j’ai compris tout l’intérêt de la présentation du vecteur vitesse et plus encore de l’énergie totale. L’approche et l’atterrissage pouvaient ainsi s’effectuer avec plus de précision et de sécurité. Le plus spectaculaire pour moi a été la détection instantanée des cisaillements de vent. J’ai aussi pensé que la visualisation de l’énergie totale pourrait apporter un grand plus en combat aérien.

Je savais qu’il n’était pas en odeur de sainteté au sein de sa hiérarchie mais j’ignorais les difficultés qu’il avait rencontrées au cours de sa carrière et qui sont rapportées ci-dessus. Je le déplore. Sans doute disait-il trop haut ce qu’il pensait. Il est vraiment regrettable qu’il n’ait pas été plus écouté.

Quant à moi, j’ai toujours pour lui estime et amitié. Qu’il repose en paix au paradis des aviateurs.

Général d’armée aérienne (CR) Jean Fleury,

Ancien Chef d’État-Major de l’Armée de l’Air (1989-1991)